EMDR et IMO : regarder ses traumatismes en face pour les dépasser
Novatrices, étonnantes, les thérapies non médicamenteuses EMDR et IMO, basées sur le mouvement oculaire, ne sont pas toujours bien connues du grand public. La période actuelle demande pourtant une attention soutenue portée à la santé mentale… des plus jeunes aux plus âgés. Découverte de ces deux thérapies basées sur les mouvements oculaires et de leurs spécificités.
Par Marjorie Charpentier pour Alternative Santé du 25 avril 2022
Pandémie mondiale, réchauffement climatique, guerre en Ukraine, crise économique… nous subissons un déferlement d’événements historiques. Peu étonnant que la santé mentale soit directement affectée. L’OMS déplore une hausse mondiale de 25 % des cas d’anxiété et de dépression liée à la crise du Covid. En France, la consommation de psychotropes a augmenté de 5 à 8 % durant le second confinement.
Il s’agit donc d’une période particulière, difficile pour beaucoup, et durant laquelle il convient de ne pas négliger cette part importante de la santé qu’est le mental. Laurence Adjadj, psychologue, psychothérapeute formée EMDR et IMO, et directrice de l’institut Hypnotim à Marseille, s’inquiète particulièrement de la santé mentale des plus jeunes. « La pandémie a généré un traumatisme collectif. Il y a des personnes qui ont perdu un proche et n’ont pas pu aller à l’hôpital, des jeunes qui avaient des projets qu’ils n’ont pas pu réaliser. Les enfants et adolescents ont accumulé beaucoup de souffrances et d’inquiétudes. »
Pour ces jeunes, et moins jeunes, Laurence Adjadj et aussi d’autres professionnels proposent un type de thérapie particulier : l’EMDR et l’IMO. Ces thérapies ont pour objectif de guérir rapidement de symptômes handicapants, tel le stress post-traumatique. « L’EMDR est une méthode qui permet de se souvenir du passé au présent sans souffrir », décrit Isabelle Meignant, psychologue clinicienne, formatrice et superviseuse EMDR France. Ces thérapies s’attaquent à toutes les manifestations inconfortables générées par un souvenir douloureux, sachant que les événements ne marquent pas tout le monde de la même façon. « On peut avoir vécu un événement traumatique important, comme on peut vivre des choses plus “petites” qui seront ressenties très intensément et vécues comme un trauma. C’est le cas par exemple d’un licenciement, un déménagement ou le départ d’un enfant », précise Laurence Adjadj.
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L’ EMDR dans collectif NO FAKEMED
L’Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), ou integration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires en français, a été inventé à la fin des années 1980 par Francine Shapiro, psychologue au Mental Research Institute de Palo Alto, essentiellement pour prendre en charge les syndromes de stress post-traumatique (SSPT) des vétérans du Vietnam.
L’EMDR se fonde sur le déblocage des mécanismes naturels de traitement de l’information afin de pouvoir traiter des traumatismes (1). C’est un modèle de traitement accéléré de l’information, utilisant des mouvements oculaires rapides, ou tout autre détournement du processus attentionnel (2).
L’EMDR demande des séances préalables à sa réalisation afin de définir si ce traitement est le plus adapté, d’aider le participant à raconter le ou les événements traumatisants et à en revivre les sensations. Cela permet de définir l’intensité du stress causé, et d’adapter un plan de traitement. La désensibilisation consiste ensuite à fixer mentalement les éléments traumatisants ou anxiogènes tout en suivant simultanément avec les yeux les doigts du thérapeute ou un point lumineux passant alternativement de gauche à droite. Le participant est alors encouragé à développer des associations mentales, avant de chercher à associer une idée positive, jusqu’à diminution satisfaisante de l’angoisse. L’étape de désensibilisation est réalisée ensuite sur plusieurs séances.
L’EMDR est enseigné en France dans des instituts privés ou lors de DU à l’Université de Lorraine.
Lors d’études relevées par son inventrice, avec un suivi sur 5 ans, 85 % des patients souffrant de SSPT peuvent être traités en 3 séances de 90 minutes (3).
Selon des synthèses Cochrane, l’EMDR est efficace dans la prise en charge du SSPT chez l’adulte -(4), mais n’autorisent pas de conclusion chez l’enfant et l’adolescent (5).
Une synthèse de l’INSERM datant de 2015 aboutit aux mêmes conclusions, étant donné qu’elle se fonde sur les deux synthèses Cochrane déjà citées (6).
Selon l’OMS, lors d’une synthèse publiée en 2013, l’EMDR peut être recommandée dans la prise en charge du SSPT chez les adultes (niveau de preuve acceptable) et chez les enfants et les adolescents (niveau de preuve faible) (7).
Il n’existe pas à ce jour de preuves de l’efficacité de l’EMDR sur d’autres pathologies que le SSPT, hormis quand ces pathologies sont associées au SSPT.
Selon l’HAS, l’EMDR est contre-indiquée chez les patients présentant une pathologie psychotique (8).
Collectif No FakeMed